Je suis tombé sur quelques informations croustillantes. D'une part, cela rejoint ce post de DMX (ici) sur la reproduction par parthénogenèse chez les gynesCataglyphis
D'autre part en creusant un peu, on se rend compte que la reproduction clonale, même chez les ouvrières, apparait dans un certain nombre de genres :
Sources :
Thelytokous parthenogenesis and its consequences on inbreeding in an ant (2006), M Pearcy, O Hardy and S Aron
Vous avez donc bien vu, Messor capitatus. Sautant sur l'interogation, on enquête sur l'article source.
Des prélèvements de quelques centaines d'ouvrières sans reine, maintenues en laboratoire, ont produit des œufs. Le plus étonnant c'est que ces œufs ont donné des... ouvrières (pendant presque un an !).
Point de fécondation dans ce cas, il s'agit de parthénogenèse, ou production de femelles diploides par reproduction clonale (voir l'article de DMX pour le détail). L'hypothèse est également émise que sous certaines conditions in natura, de nouvelles gynes pourraient être produites de la sorte. Passé cette période, les œufs éclos n'ont plus donné que des mâles (haploides).
Source :
Thelytokous worker reproduction and lack of Wolbachia infection in the harvesting ant Messor capitatus (2000),
D.A. GRASSO, T. W ENSELEERS, A. M ORI, F. LEMOLI and J. BILLEN.
In hymenopteran societies, workers are not always sterile, and may produce parthenogenetically either males (arrhenotoky) or females (thelytoky). Thelytoky however is exceptional, and has been recorded in only four ant species. Here we provide evidence for worker thelytoky in an additional species, the harvesting ant Messor capitatus (Latreille) (Hymenoptera Formicidae Myrmicinae). Two orphaned colonies produced a large amount of worker offspring during 10 months in the laboratory. Dissections showed that reproduction was performed by workers and not by mated worker-like individuals (ergatoids). In some parasitoid wasps, parthenogenetic reproduction is caused by the maternally transmitted bacterium Wolbachia. Using a PCR-based assay we showed that Wolbachia can not be involved in parthenogenesis induction in this species. Finally, we point out reasons for the low Wolbachia susceptibility of parthenogenetic ant species.
A chacun son interprétation, mais en ce qui me concerne, j'adore être surpris de la sorte.
Il serait intéressant de savoir si une princesse non fécondée pourrait aussi produire des ouvrières.
On pourrait alors obtenir des "gynes" en captivité assez "facilement".
Tu peux défier les armées de Rome, Tu peux t'estimer bien moins que rien, Tu ne sera jamais rien qu'un Homme, Jamais tu n'ira plus haut que tes pas, Jamais tu ne descendra plus bas.
Les deux modes de reproduction pourraient coexister.
Les mâles sont un atout car ils permettent un brassage génétique, très important dans le maintient d'une espèces sur le long terme, car facilitant l’adaptabilité. Mais dans des cas sans mâles aux alentours, pouvoir se reproduire sans est une bonne chose ^^.
Les mâles ne sont d'ailleurs pas nécessaires pour certaines espèces. La bactérie Wolbachia, qu’évoque Will dans une de ses citations, affecte par exemple les cloportes, dont la plupart des individus sont des femelles et se reproduisent uniquement par parthénogenèse.
De même, certaines espèces de lézards américains se sont tellement reproduits par parthénogenèse que les mâles ont totalement disparus, il ne reste plus que des femelles. Et ce qui est marrant avec ces lézards, c'est que les femelles ont besoin de simuler un acte sexuel avec les autres femelles pour pouvoir déclencher la reproduction.
Tu peux défier les armées de Rome, Tu peux t'estimer bien moins que rien, Tu ne sera jamais rien qu'un Homme, Jamais tu n'ira plus haut que tes pas, Jamais tu ne descendra plus bas.
Latior a écrit :que cette caractéristique doit être limitée à quelque espèces...
La question dans ce cas est de savoir s'il s'agit d'une caractéristique héritée d'un ancêtre commun aux hyménoptères (vu que présent aussi chez certaines abeilles et guêpes), ou de la convergence évolutive. Dans les deux cas, il est fort probable que ce trait soit présent chez plus d'espèces qu'on ne le soupçonnerait. Le plus difficile est de le détecter.
Le problème est que ce phénomène doit se produire uniquement dans la nature: ça m'étonnerait qu'un éleveur y parvienne ( d'ailleurs personne n'a jamais observé ce phénomène en élevage) à part peut-être en labo... Comment a-t-on fait cette découverte ?
En France par exemple, Lasius niger, Formica polyctena, Crematogaster scutellaris, Messor capitatus et surement d'autres sont capables de parthénogenèse thélytoque (plus ou moins occasionnelle à exceptionnelle).
Ce qui peut-être intéressant, c'est que chez les espèces où la castegyne ou ouvrière est définie au cours du stade larvaire, cette thélytoquie de la part des ouvrières peut donc engendrer des princesses.
Dernière modification par C-R le mer. 12 févr. 2014 21:05, modifié 2 fois.
Mais les gars, merci beaucoup, Will en particulier, c'est super intéressant, ça va surement envoyer moins de colonies orphelines au congélateur.
C'est dingue, encore une fois, merci beaucoup.
SPECIALE FORUM EN BON FRANÇAIS : tu aimes le rap,le rap lui, n'aime pas la langue Française.
"Ce serait mentir si j'dirais que c'est pareil". Aketo, groupe SNIPER.
Merci pour cet article, ce sujet m'intéresse car je soupçonne mes Aphaenogaster senilis, espèce pourtant aux ouvrières censées ne pondre que des mâles, d'avoir une repro bien plus compliquée qu'il n'y paraît. J'y reviendrai un de ces 4 mais je ne serai pas étonné C-R que tu puisses ajouter cette espèce à ta liste...