Je vous présente ici un essai de fondation chez le genre Tetraponera. J'ai en effet eu la chance de récolter une reine désailée au sein d'une forêt humide du Parc Gorongosa (Mozambique) en pleine saison sèche, août 2016. La donzelle se baladait seule sur un tronc, à 1m80 du sol environ. L’œil de lynx de trompant pas, je me suis bien sûr empressé de la recueillir (en évitant de lui proposer mes doigts, tout de même). L'espèce est globalement bien répartie sur l'est africain, est généraliste (c'est à dire qu'elle se contente de n'importe quelle branche morte pour établir sa colonie et n'est pas inféodée à une espèce de plante en particulier), et la reine atteint le centimètre.
À mon retour, j'ai été surpris de voir le néant informatif entourant la fondation chez le genre Tetraponera. On n'en sait pas grand chose, et je n'ai trouvé aucun blog s'y référant, peu importe la langue associée. C'était le moment de rentrer dans l'improvisation totale.
(i) Le module de fondation
J'avais à cœur de pouvoir observer la fondation. J'ai donc d'abord proposé à la reine un module fait à la fois d'un tube et d'un petit bout de bois incurvé. Si la reine s'y est de suite réfugiée, il m'est apparu évident qu'elle ne s'y sentait pas à l’aise. Manque de place, et point de ponte.
J'ai donc entrepris après quelques semaines la conception d'un autre module plus spacieux, fait d'une branche évidée, d'un bout de plastique et de chewing-gum pour souder le tout (Macgyver en serait fier). Malgré un design un peu moche, il s'est avéré payant. L'humidification peut se faire à l'une des extrémités bouchées par du coton, tandis que l'autre extrémité débouche dans un tube amovible servant de réserve à nourriture.
J'y ai observé la première ponte après une semaine d'habitation.
(ii) Les conditions de maintien.
D'emblée, on aurait tendance à penser que la fondation d'une Tetraponera serait claustrale. Cependant il m'est apparu évident pour plusieurs raisons que la reine devait être nourrie. La ponte ne fut en effet abondante qu'a l'apport régulier de drosophiles et liquides sucrés divers sur laquelle la reine s'est toujours jetée avec la plus grande avidité. De plus, le faible polymorphisme entre les ouvrières et la reine m'invite à repenser le mode de fondation vers semi-claustrale. Je l'ai donc nourrie, encore et encore. Et elle s'est gavée, encore et encore. Le tout à une température maintenue à 27°C. Le couvain s'est développé, lentement. De l’œuf à la petite larve, de la petite larve à la grosse larve, en cadence.
J'en suis donc arrivé là. Tout le petit monde semble être en forme. Cependant, les larves sont bloquées en stades tardifs depuis plus de deux mois maintenant, et je n'observe aucune nymphose. Cela commence à m'inquiéter. Le climat du Mozambique se défini par une saison sèche et une saison humide, avec des températures annuelles diurnes entre 25 et 35°C. J'ai donc du mal à imaginer qu'une diapause soit nécessaire. J'ai tenté une humidification plus importante car l'été là-bas (novembre - Avril) correspond à la saison des pluies, et la reine n'a fait que déménager le couvain vers la partie sèche du module. J'ai tenté d'augmenter encore la quantité de nourriture disponible et j'ai chauffé à 30°C, ce qui ne semble avoir aucun effet. J'avoue être un peu perplexe. Je demande donc les lumières et suggestions du petit peuple du forum, afin de surmonter cet obstacle fâcheux.
Merci à tous pour votre lecture,
Le Q/R : https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 30&t=22882
Edit du 11/11
Poussée à 30°C, une larve à finalement vidé le contenu de son tube digestif, à beaucoup perdu en volume et s'affine toujours d'avantage, signe d'une nymphose proche. Espérons le.
Edit du 12/11
Abracadabra
Edit du 24/11
L'évolution du couvain et de la nymphe, qui a ce jour commence à adopter une teinte légèrement jaunâtre signalant une arrivée progressive à maturité.