Je présenterai ici le suivi d'une colonie de Lasius cf flavus supposées polygynes. Reprenons l'histoire de la colonie.
29/07/2009: J'assiste à l'essaimage d'une colonie de Lasius cf flavus sur la terrasse de mon jardin. Je récupère 8 gynes fécondées, provenant donc de la même colonie mère. Celles-ci sont directement placées dans le même tube à essai. Les 8 reines coopèrent parfaitement.
Dès le lendemain, les reines ont commencé à pondre, et ceci chaque jour jusqu'à l'apparition des premières ouvrières en septembre. Je précise que je suis en internat la semaine. Je ne peux donc observer la colonie qu'en rentrant chez moi le week-end.
05/09/2009: 8 reines et 7 ouvrières. Naissance des premières ouvrières entre le 2 septembre et le 5 septembre. Aucune observation particulière sur le comportement des ouvrières vis-à-vis des reines.
12/09/2009: 8 reines et environ 15 ouvrières.
19/09/2009: 8 reines et environ 40 ouvrières.
26/09/2009: 8 reines et environ 80 ouvrières. Remarquez la croissance particulièrement rapide de la colonie durant le mois de septembre, le couvain étant très important. Le tube à essai devenant étroit pour les besoins de la colonie, je décide de transférer la colonie dans un nid en béton cellulaire, spécialement conçu pour Lasius cf flavus. Je détaillerai les particularités de ce nid plus tard.
03/10/2009: 8 reines et environ 100 ouvrières.
10/10/2009: 8 reines et 100-120 ouvrières. J'observe quelque chose de très intéressant: les ouvrières s'agitent autour des reines, mandibules ouvertes, avec une attitude agressive, en attrapant leurs pattes. Certaines reines fuient à l'autre bout du nid, rejoindre des ouvrières moins agressives. Je m'attends la semaine suivante à un véritable massacre.
17/10/2009: 8 reines et 120-140 ouvrières. Toujours 8 reines, c'est une bonne surprise. Je n'observe plus aucune agressivité des ouvrières envers les reines.
24/10/2009: 8 reines et environ 150 ouvrières. Remarquez le ralentissement de croissance de la colonie. Ceci est dû je pense à l'approche de l'hiver. Lasius flavus possédant une horloge interne, la colonie entre progressivement en diapause hivernale. Le couvain n'en reste pas moins imposant. J'observe encore une trentaine de cocons, un peu plus de larves et toujours une centaine d'œufs. Les photos viendront dans les messages suivants.
Le nid dans lequel est placée la colonie est un peu particulier. Élevant Lasius cf flavus depuis 3 ans, je me suis rendu compte que la colonie stagnait dès lors que je la plaçais dans un nid en béton cellulaire. Le couvain devenait de moins en moins imposant, le nombre d'ouvrières diminuait légèrement et les naissances compensaient à peine les morts.
J'ai réfléchi aux causes du problème. En milieu naturel, Lasius flavus se nourrit du miellat de pucerons souterrains, qui sucent la sève des racines. La source de nourriture est donc très proche des ouvrières, du couvain et de la reine. J'ai voulu retranscrire cette situation dans un nid en béton cellulaire. Les salles et couloirs ont été supprimées. Il ne reste qu'un grand espace parfois coupé par des colonnes de béton cellulaire, d'environ un centimètre de diamètre. Les ouvrières peuvent ainsi voyager rapidement en ligne droite d'un bout à l'autre du nid.
L'espace de vie de la colonie est un carré de 10*10cm, entièrement ou presque optimisé. L'un des côtés est relié à une aire de chasse un peu plus grande que l'espace de vie. Ce côté est entièrement ouvert à l'aire de chasse. Autrement dit, l'entrée mesure 10 cm de long. Ceci encore pour optimiser le développement de Lasius flavus. En effet cette espèce, en milieu naturel, se nourrit des proies souterraines et sort rarement chasser en plein air. J'ai donc voulu permettre à Lasius flavus de ramener les proies facilement dans son nid avant de les dévorer, les proies ne devant plus passer par des entrées étroites. Ajoutons qu'une trop grande ouverture sur l'extérieur peut stresser la colonie. Pour trouver un bon compromis entre stress et facilité de chasse, j'ai pensé à boucher l'entrée du nid par un substrat. Ainsi les ouvrières pourront moduler à souhait l'entrée du nid, pour permettre le passage de grosses proies, ou au contraire pour réduire l'entrée du nid à l'approche de l'hiver. Pour une fois encore se rapprocher le plus des conditions de vie naturelle de Lasius flavus, j'ai utilisé la terre comme substrat. Certains évoqueront les dangers de ce substrat par rapport aux acariens que cela amènerait. Pas d'inquiétude, j'ai été cherché cette terre à 30 cm de profondeur. Cela diminue les risques de contamination par des acariens mais ne les élimine pas totalement, je suis bien d'accord. Je prends le risque. J'ajouterai aussi que la terre apportera à la colonie des minéraux indispensables à son développement.
L'ajout du substrat s'est fait le 10/10/2009. Aussitôt les ouvrières se sont occupées d'aménager leur entrée. C'est incroyable comme Lasius flavus retrouve de sa vivacité lorsqu'elle se sent un peu plus comme chez elle. Une semaine plus tard, le 17/10/2009, aucun acarien n'est repéré dans la colonie.
Une autre astuce de ce nid est de creuser un espace de vie profond d'un centimètre. Par simple observation, j'ai remarqué que c'était l'ordre de grandeur que préférait Lasius flavus, qui est aussi le diamètre des tubes à essai que j'utilise.
EDIT: Ajout d'une photo, pour le plaisir. Les cocons et quelques ouvrières.
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- Cocons
La colonie a dépassé le stade de la fondation mais nous ne pouvons toujours pas dire que l'espèce en question est polygyne. Il faudra attendre au moins une année de vie de la colonie pour dire que l'expérience a réussi.
Voilà pour ce premier message, merci de m'avoir lu.
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