Lumière

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Rekyem
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Message non lu par Rekyem »

Bonjour,

Je n'ai trouvé que peu de sujets traitant de la lumière* vue, et/ou qui stresse ou non les fourmis :
https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 355#p83355,
https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 68#p191768,
https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 62#p208662.

Je voudrais savoir plus avant si étudier ses fourmis sous lumière bleue et/ou rouge (il semble y avoir des contradictions dans ce que j'ai linké) est intéressant ou non ; si telle ou telle lumière stresse plus ou moins ; si telle ou telle lumière est vue ou non.

Avez-vous des sources (de ce forum ou non), des expériences à partager, ... ?

*merci*

*: Je parle de lumière et de couleur de lumière, mais il s'agit plus de longueur d'onde... je crois :hihi:.
EDIT : delete query param.
Dernière modification par Rekyem le mar. 11 déc. 2018 16:08, modifié 2 fois.
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umoteck
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Re: Lumière

Message non lu par umoteck »

Il est souvent dit que les fourmis ne "verraient" pas les longueurs d'onde du rouge (622-740nm) mais il y a quelques temps j'avais fait quelques recherches (pas très poussées non plus :roll: ) pour savoir si cette idée était un simple constat des éleveurs (empirique) ou le résultat d'une étude scientifique, je n'avais alors pas trouvé d'étude.

Effectivement, ce serait intéressant d'avoir des sources sérieuses.
Dernière modification par umoteck le mar. 11 déc. 2018 13:23, modifié 1 fois.
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Hormigo
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Re: Lumière

Message non lu par Hormigo »

En résumé : en faible lumière, elles ne sont plus sensibles au rouge, leur sensibilité se décale vers les faibles longueurs d'onde. Donc les éclairer avec des leds bleues... bad move.

Études réalisées sur des Myrmica sabuleti, mais ça doit pouvoir être extrapolé dans une certaine mesure...

Quelques liens :
  • En anglais :
    M.-C. Cammaerts, Colour vision in the ant Myrmica sabuleti Meinert, 1861 (Hymenoptera: Formicidae), Myrmecological News, 10, 41-50, Vienna, September 2007.
    Le PDF est déjà sur ce forum : https://www.myrmecofourmis.org/forum/do ... p?id=22965
  • En français :
    Cammaerts M.C., 2006, La perception visuelle des couleurs par les ouvrières de la fourmi Myrmica sabuleti. IUEIS SF, Colloque annuel, Avignon, 24-27 Avril 2006, communication orale, 4 p.
    Le fichier dont le lien est donné ici n'est plus accessible mais voici son contenu :
    Résumé
    Les ouvrières de Myrmica sabuleti distinguent deux appareillages expérimentaux de couleur
    différente. En forte lumière, leur discrimination est très significative. Leur sensibilité est
    faible au niveau du rouge et maximale au niveau du jaune et du bleu. En faible lumière, ces
    fourmis discriminent moins bien deux couleurs l’une de l’autre. Elles cessent alors d’être
    sensibles au rouge
    , et, pour les autres couleurs, leur sensibilité se décale vers des longueurs
    d’onde plus petites.
    Les ouvrières de Myrmica sabuleti distinguent très bien, en forte lumière,
    le rouge, le jaune, le vert, le bleu ainsi que le violet d’une palette de gris, discriminant alors
    surtout le jaune et le bleu. En faible lumière, leur distinction est en général moindre et
    maximale pour le vert et le violet. Les ouvrières de M. sabuleti pourraient donc avoir des
    seuils chromatiques différents pour différentes longueurs d’onde, une hypothèse en cours de
    vérification. En lumière ultraviolette, ces ouvrières distinguent un appareillage creux et noir
    présenté sur leur aire de récolte blanche. Leur perception visuelle, d’une part de la lumière
    visible, d’autre part de la lumière ultraviolette, leur confère peut-être une certaine vision de la
    perspective (cette perception de la perspective a été révélée lors d’une étude antérieure).

    Introduction
    Après avoir étudié diverses caractéristiques de la vision des ouvrières deMyrmica sabuleti,
    ainsi que la sensibilité de ces fourmis à la lumière, nous avons entrepris d’en étudier la
    perception visuelle des couleurs.
    La vision des couleurs a été amplement étudiée chez bien des Vertébrés et des Invertébrés
    (Odonates, Coléoptères, Lépidoptères, Hyménoptères) (Autrum, 1981) mais, jusqu’à ce jour,
    aucune fourmi pourvue de yeux relativement petits, comme le sont les M. sabuleti, n’a fait
    l’objet d’une telle étude.
    Union Internationale pour l'Etude des Insectes Sociaux, Colloque annuel de la section française -
    Université d'Avignon et des pays de Vaucluse, Avignon, 24-27 Avril 2006

    Matériel et méthodes
    Dix sociétés de M. sabuleti furent récoltées en Ardenne Belge et subdivisées en trente sociétés
    expérimentales démographiquement similaires, et maintenues au laboratoire dans des bacs en
    polyéthylène, les fourmis nichant dans des tubes à moitié remplis d’eau.
    La discrimination par les fourmis entre deux couleurs fut analysée par le biais de
    conditionnements opérants différentiels portant sur deux appareillages pyramidaux chacun
    d’une couleur différente ( = premières expériences). La discrimination entre une couleur et
    une palette de gris fut étudiée sur base de conditionnements opérants différentiels utilisant des
    hexagones formés de six triangles équilatéraux chacun d’un gris différent et sur lequel
    hexagone un triangle équilatéral (de même dimensions) d’une couleur précise était posé ( =
    secondes expériences). La perception de la lumière ultraviolette par les ouvrières de M.
    sabuleti fut étudiée en conditionnant les fourmis (par simple conditionnement opérant) à des
    appareillages expérimentaux noirs et creux, sous lesquels elles devaient aller s’alimenter ( =
    troisièmes expériences). Leur locomotion à l’intérieur de cercles de 12 cm de diamètre centrés
    sur les appareillages furent ensuite analysée selon la méthode décrite dans Cammaerts-Tricot
    (1973).

    Résultats
    Discrimination entre deux couleurs différentes (premières expériences) (Tab. 1)
    En lumière intense, les ouvrières de M. sabuleti ont distingué l’une de l’autre les deux
    couleurs de chaque paire de couleurs présentée. Leur sensibilité s’est avérée être faible pour
    des longueurs d’onde correspondant à du rouge et maximale pour des longueurs d’onde
    correspondant à du jaune et à du bleu. En lumière peu intense, ces mêmes ouvrières n’ont plus
    distingué les couleurs rouges du noir, mais ont encore discriminé l’une de l’autre les couleurs
    de toutes les autres paires de couleurs présentées. Leurs plus grandes sensibilités se situaient
    cette fois au niveau de longueurs d’onde correspondant au jaune-vert et au bleu-violet. Leur
    sensibilité aux longueurs d’onde se décale donc vers des longueurs d’onde plus petites quand
    l’intensité de la lumière diminue.
    Avant d’affirmer que, dans cette expérience, les fourmis distinguent non pas des différences
    de contraste mais bien des différences de couleurs, il convient d’étudier leur discrimination
    entre chaque couleur d’une part et différents gris d’autre part, ce qui est effectué dans
    l’expérience suivante.
    Tableau 1. Discrimination, par les ouvrières de Myrmica sabuleti, entre deux couleurs
    La discrimination par les fourmis est quantifiée par la différence entre le pourcentage moyen
    de bonnes réponses obtenues après 6 et 9 jours de conditionnement à une couleur et le
    pourcentage initial existant avant conditionnement. Couleurs présentées Sous 10.000 lux Sous 600 lux

    En lumière intense, les ouvrières de M. sabuleti ont distingué le rouge scarlet, le jaune, le vert,
    le bleu ainsi que le violet d’une palette de six gris différents. Les couleurs les mieux
    distinguées furent le jaune et le bleu. En lumière peu intense, ces même fourmis n’ont que
    faiblement distingué le rouge scarlet des gris, mais ont relativement bien distingué les autres
    couleurs des gris présentés. Les couleurs les mieux distinguées furent cette fois le vert et le
    violet. Nous retrouvons donc le décalage des sensibilités des fourmis vers les plus petites
    longueurs d’onde, suite à une diminution de l’intensité lumineuse.
    Tableau 2. Discrimination, par les ouvrières de Myrmica sabuleti, entre une couleur et une
    palette de six gris.
    La discrimination par les fourmis est quantifiée par la différence entre le pourcentage moyen
    de réponses à la couleur et le pourcentage moyen de réponses aux gris remplacés par la
    couleur. Couleurs Sous 10.000 lux Sous 600 lux

    Perception de la lumière ultraviolette (Tab. 3)
    Les ouvrières de M. sabuleti conditionnées sous lumière ultraviolette à répondre à un
    appareillage noir et creux ont parfaitement répondu, sous cette lumière, à cet appareillage.
    Elles l’ont donc bien perçu. Leur réponse fut d’ailleurs quelque peu supérieure à celle obtenue
    en lumière visible (nombres moyens d’ouvrières ayant répondu au cours de deux tests réalisés
    chaque fois lors de deux expériences : en UV : 3,62 ; en lumière visible : 2,79). Ceci résulte
    d’une locomotion plus lente et davantage directionnelle en lumière ultraviolette (orientation
    des ouvrières vers l’appareillage : en UV : 46,3 degrés angulaires ; en lumière visible : 58,5
    degrés angulaires ; vitesse linéaire des ouvrières : en UV : 8,8 mm/sec ; en lumière visible :
    12,0 mm/sec).

    Conclusion
    Le présent travail montre que les ouvrières de M. sabuleti distinguent l’un de l’autre des
    éléments différemment colorés, et voient aussi en éclairage ultraviolet uniquement.
    Il est possible que leur vision de la perspective (fait révélé par Cammaerts, 2004) résulte de
    leur sensibilité d’une part à la lumière visible (pour nous) et d’autre part à la lumière
    ultraviolette.
    La sensibilité des ouvrières de M. sabuleti aux différentes longueurs d’onde varie en fonction
    de l’intensité de la lumière. Une certaine adaptation concernant la sensibilité aux longueurs
    d’onde pourrait donc se produire en fonction de changements d’intensité lumineuse, tout
    comme une adaptation de la sensibilité à la lumière (visible) se réalise suite à un changement
    d’intensité lumineuse (Cammaerts, 2005). De telles adaptations ont été mises en évidence
    chez Formica polyctena par Menzel & Knaut (1973). Nous tentons actuellement de préciser
    les seuils chromatiques et achromatiques des ouvrières de M. sabuleti sous deux intensités
    lumineuses différentes : nous pouvons d’ores et déjà affirmer que ces seuils dépendent des
    longueurs d’onde présentées.

    On admet communément que les fourmis ne sont guère sensibles au rouge. Mais Depickère et
    al. (2004) ont montré que lorsque des ouvrières de Lasius niger passent de l’obscurité à un
    éclairement rouge, leur comportement agrégatif change. Le présent travail montre que les M.
    sabuleti voient le rouge sous haute intensité lumineuse, mais non sous faible intensité. Nos
    déterminations (en cours) des seuils chromatiques et achromatiques semblent révéler qu’après
    être restées dans l’obscurité durant quelques jours, les M. sabuleti sont plus sensibles aux
    diverses longueurs d’onde, celles correspondant au rouge y compris. Nous pourrons donc sans
    doute rendre compte des contradictions entre divers auteurs à propos de la vision du rouge par
    les fourmis.
    Le travail publié le plus semblable à celui que nous présentons ici est celui réalisé par Kretz
    (1979) sur la fourmi « à grands yeux » Cataglyphis bicolor, l’auteur procédant comme nous
    par conditionnement opérant différentiel. Au terme de son travail, Kretz (1979) présente un
    « colour diagram » très semblable à celui que nous allions proposer pour M. sabuleti,
    comprenant, comme nous l’avions imaginé, une couleur « ant-purple » que nous ne voyons
    pas.

    Remerciements
    Nous tenons à remercier très sincèrement Mr le Prof. Louis De Vos et MM Claude
    Bourtembourg et Roger Cammaerts qui nous ont très efficacement épaulées durant toute la
    réalisation du présent travail.

    Références

    Autrum H. (1981) Comparative Physiology and Evolution of Vision in Invertebrates. C : Invertebrate Visual Centres and Behavior II, Handbook of Sensory Physiology, Vol VII/6B, Springer-Verlag, Berlin, pp. 2-91.

    Cammaerts M.-C. (2004) Some characteristics of the visual perception of the ant Myrmica sabuleti, Physiol. Entomol. 29, 472-482.

    Cammaerts M.-C. (2005) Sensitivity and adaptation of Myrmica sabuleti workers (Hymenoptera : Formicidae) to light, Myrmecologishe Nachrichten 7, 77-86.

    Cammaertsd-Tricot M.-C. (1973) Phéromones agrégeant les ouvrières de Myrmica rubra, J. Insect Physiol. 19, 1299-1315.

    Depickère S., Fresneau D., Deneubourg J.-L. (2004) The influence of red light on the aggregation of two castes of the ant, Lasius niger, J. Insect Physiol. 50, 620-635.

    Kretz R. (1979) A behavioral analysis of colour vision in the ant Cataglyphis bicolor (Formicidae, Hymenoptera), J. Comp. Physiol. 131, 217-233.

    Menzel R., Knaut R. (1973) Pigment movement during light and chromatic adaptation in the retina cells of Formica polyctena (Hymenoptera, Formicidae), J. Comp. Physiol. 86, 125-138.
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bdreal
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Re: Lumière

Message non lu par bdreal »

Merci Hormigo pour l'ajout de ces études, surtout celui de Cammaerts.

Mais quid d'une étude sur l'efficacité réelle ou non d'un film de couleur, utilisé comme filtre d'une lumière naturelle ou artificielle ?

Empiriquement, je constate que sur une majorité de colonies, un film plastique rouge me permet de les voir vivre sans affolement, ce que provoque toujours le retrait dudit film (sans vibrations je précise).

J'avoue m'être basé sur cette couleur car elle est largement utilisée par beaucoup de myrmécophiles.
Mais je vais (dès fin de diapause) agrandir la palette de couleurs pour étudier l'effet filtre "lumière" et non pas la perception de ces couleurs sur les environnements.
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Deucalion
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Re: Lumière

Message non lu par Deucalion »

Ah oui les filtres rouges... on voit que tchi avec ça. :hihi:
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Re: Lumière

Message non lu par Rekyem »

Merci pour les documents @Hormigo. :)
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Re: Lumière

Message non lu par bdreal »

Deucalion a écrit :Ah oui les filtres rouges... on voit que tchi avec ça. :hihi:

Comme avec une belle femme : on ne voit pas, on devine. :-p
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Re: Lumière

Message non lu par Whopic »

Ça dépend des régions du monde...
*salut* Whopic :-p
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