Suite aux conseils de @vince ( ), voici donc un topic pour récapituler différentes expériences de fondations dépendantes et différentes méthodes.
Pour l'historique, en ce mois d'avril 2020 confiné, plusieurs membres du forum (dont @Rems, @Rohan54 ou moi-même) ont trouvé des gynes lors de leur ballade d'une heure maximum autorisée (dans un rayon d'1 km du domicile, tout ça tout ça, rappelez-vous lecteurs du futur). Après recherche d'identification, il s'avère que ce sont des gynes Formica sensu stricto, donc à fondation dépendante.
Se pose alors la question de savoir comment commencer la fondation dans ces conditions.
Comme ce sont des questions fréquentes, voici donc un topic pour centraliser les différentes méthodes et les différents résultats. Cela sera très probablement valable pour les autres espèces à fondations dépendantes, mais peut-être y aura-t-il des méthodes qui fonctionnent avec une espèce mais pas avec une autre ? Par exemple, des avis des membres qui ont testé les deux, il semble que l'expérience soit plus facile avec des Formica dépendantes qu'avec des Lasius dépendantes.
Bref, expérimentons, relatons, partageons !
Ayons également en tête que ce sont des fondations parasites, ce qui implique que la gyne ne sait pas faire grand chose d'elle-même (comme ouvrir les cocons). Tâchons donc de nous rapprocher le plus possible de ce qui passe in natura.
Pour le moment, concernant cette espèce, trois méthodes sont identifiées :
- Méthode 1 :
Mettre des cocons de Serviformica (ou à défaut de Formica) dans le tube, avec la gyne. Prévoir une trentaine de cocons. Cela implique donc de trouver une fourmilière et d'y prélever ces cocons... Notons également que la gyne doit être nourrie de pseudo-miellat (on peut vraisemblablement relier le tube à une ADC). La gyne ne semble pas être en mesure de s'occuper des cocons jusqu'à l'imago (ce qui est souligné par plusieurs expériences, notamment celle de @Pascal00 ICI / une expérience relayée sur le forum semble souligner le contraire, mais c'est peut-être un hasard - trop peu d'éléments actuellement pour soutenir cette hypothèse), donc il faut également ajouter environ 5 ouvrières prélevées qui ouvriront les cocons, puis les ouvrières nées de ces cocons pourront ensuite suffisamment l'aider pour qu'elle ponde d'elle-même (après diapause), remplaçant ainsi petit à petit les ouvrières "esclaves". Attention : pour intégrer les 5 ouvrières, suivre la méthode 2.
Problèmes avec cette méthode : implique donc de prélever des cocons dans une fourmilière, ad'jà'dit ( <= terme pouvant signifier, grosso modo, "ça mon gars, je te l'ai déjà dit") + avoir en tête que la gyne n'est pas en mesure d'ouvrir d'elle-même les cocons, donc des ouvrières doivent être présentes.
- Méthode 1 alternative / améliorée :
Proposée par @Ookami ici : https://www.myrmecofourmis.org/forum/viewtopic.php?t=30984#p15653096. Cette méthode consiste à prélever des cocons et des ouvrières adultes et laisser ce petit monde ensemble sans la gyne. Lorsque les cocons sont prêts à éclore, ils seront ainsi aidés par les ouvrières (l'imago ne sachant pas sortir seul). Et ce sont ces toutes jeunes ouvrières + les cocons restants que l'on place ensuite avec la gyne.
Note 1 : il semblerait finalement que la méthode 1 améliorée soit à préférer à la méthode 1 pas améliorée (normal, c'est pour ça qu'elle est améliorée, sinon on ne dirait pas d'elle qu'elle est améliorée, il faut suivre ).
Note 2 : des essais avec des nymphes nues ont été faits, et on remarque que les nymphes nues ne peuvent pas muer seules non plus. - Méthode 1 alternative / améliorée : variante proposée par @Roasty :
Récolte d'une vingtaine de cocons + 1 seule ouvrière, mise en boite.
Dès les premières naissances, transfert des ouvrières nouvellement nées et quelques cocons. Dès qu'il y a plusieurs ouvrières immatures avec la reine dépendante, relâche de la première ouvrière dans sa colonie et transfert de tous les cocons.
- Méthode 1 alternative / améliorée bis :
Proposée par @Rignarok ici : viewtopic.php?t=30984&p=15655429#p15655429.
Elle consiste à intégrer avec la gyne une trentaine de cocons de Serviformica + 1 ouvrière de Formica s. str. le premier jour. A J2, on intègre une deuxième ouvrière Formica s. str.. A J3, belote, et à J4 rebelote. Tout ça jusqu'à ce qu'il y ait 5 ouvrières avec la gyne. - Méthode 2 :
Mettre des adultes (ouvrières) de Serviformica (ou à défaut de Formica - il semblerait qu'il faille éviter Formica rufibarbis, agressive) dans le tube, avec la gyne (voir ICI pour la théorie). Mais pas n'importe comment, sinon carnage (pour les ouvrières si pas suffisamment nombreuses, pour la gyne dans l'autre sens) : 1/ prélever une trentaine d'ouvrières adultes DE LA MÊME COLONIE ; 2/ en tremper une dans un liquide sucré ; 3/ la placer au réfrigérateur 10 min à 2 h (selon les sources) ; 4/ la placer avec la gyne, qui aura préalablement jeûné pendant quelques heures ; 5/ la gyne va la lécher, prenant ainsi son odeur coloniale ; 6/ intégrer petit à petit les autres ouvrières.
Problèmes avec cette méthode : premièrement, la méthode est risquée et les ouvrières comme la gyne peuvent s'annihiler (carrément oui, pfffft). Deuxièmement, les ouvrières qui sortent du nid sont déjà relativement âgées. Il se peut donc que les ouvrières intégrées avec la gyne ne vivent pas assez longtemps pour arriver jusqu'aux naissances.
Note : @Pascal00 relate ICI une introduction de deux ouvrières préalablement trempées dans l'eau. L'un de des deux a été retrouvée morte le lendemain (sans savoir à quoi était liée cette mort), l'autre a nourri sans agressivité la gyne jusqu'à sa mort.
- Méthode 2 alternative / améliorée :
Proposée par @Antonymous ici : https://www.myrmecofourmis.org/forum/viewtopic.php?t=30984&start=10#p15653239.
Gyne en ADC, introduction d'ouvrières adultes une à une (après passage au frigo comme la Méthode 2 "classique" mais sans liquide sucré), avec une bonne demi-heure entre chaque ouvrière. Quelques heures après l'introduction de la dernière ouvrière, raccordement d'un tube à l'ADC et on laisse comme ça le temps que tout ce petit monde entre dans le tube. Une quinzaine de jours plus tard, introduction d'une soixantaine de cocons prélevés in natura. Puis nourrissage normal de la fondation en cours avant de partir en diapause (5 mois entre 7 et 11°C). La ponte commence à la sortie de diapause.
Problème avec cette méthode : Notons un risque de mortalité important (2/3 dans les faits relatés par @Antonymous, lire le post original pour plus de détails) entre l'introduction des ouvrières et celle des cocons. Peut-être tâcher de réduire au maximum ce temps.
Note : Il semblerait, au moment de la rédaction de ces lignes et au regard des différents retours d'expériences, que cette méthode 2 améliorée soit celle qui offre les meilleurs résultats (phrase amenée à être modifiée en fonction de l'avancée du topic et des expériences, c'est beau la science ). - Méthode 3 :
Proposée par @CremaTomate pour des Lasius et adaptée aux Formica par @BimBoum.
La technique consiste à récupérer une dizaine d'ouvrières puis à les isoler individuellement pendant 24h avant de les mettre une à une en contact avec la gyne.
Les ouvrières sont en "dépression sociale" et cherchent absolument à avoir un contact social. Elles vont donc accepter la compagnie de la gyne.
Note : manque encore de recul sur cette technique controversée, mais après 1 semaine tout semble plus ou moins bien se passer. Au 09.06.2020 : en attente de plus d'observations pour se prononcer sur la viabilité à long terme de la méthode. - Méthode 4 :
Lâcher le steak, se dire que le jeu n'en vaut pas la chandelle, qu'on va foirer et que la gyne va souffrir ou stresser pour pas grand chose, et donc la relâcher là où on l'a prélevée.
Problème avec cette méthode : ben on s'arrête là. Donc gros problème : il n'y a pas de fondation .
Lorsque la fondation semble en bonne voie (gyne et esclaves s'acceptant mutuellement), il est important d'ajouter un fort apport de protéines pour déclencher / aider la ponte. Ponte qui d'ailleurs intervient généralement après la diapause (à ne surtout pas négliger pour ces espèces), bien que quelques retours fassent état d'une ponte peu de temps après l'introduction mais sans arriver jusqu'à l'imago (suggérant que la ponte est donc possible peu après l'adoption mais l'arrivée des premières ouvrières liées à cette ponte rapide n'a pas été observée jusque alors). Précisons également que les Formica semblent pondre plus ou moins un gros paquet d’œufs qu'une ou deux fois dans une saison, en tout cas les deux premières années.
En ce qui me concerne, j'ai opté pour la méthode 4, pour les raisons évoquées ci-dessus (et parce qu'il faut avouer que ma douce moitié d'orange m'a un peu pressé le citron )... mais je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde ! Du coup nous sommes tous preneurs de vos retours d'expérience ! D'ailleurs, est-ce que d'autres ont d'autres techniques ? Lesquelles ? Qu'est-ce que ça a donné ? (Je veux bien essayer de tout compiler ici ).
Si j'ai écrit des âneries ou que vous voyez des imprécisions ou autre, n'hésitez pas à me reprendre !
Un sujet a été ouvert pour suivre l'évolution de nos fondations de Formica dépendantes, dans l'idée que les deux sujets s'enrichissent mutuellement. Donc si vous êtes concernés n'hésitez pas !
Dernière mise à jour le 08/09/2020 à 07:19.