Jour 1.
Un spasme agite une antenne, puis deux.
Très vite, toute ma chitine est parcourue d’un frisson languissant que je chasse en bandant tous mes muscles. Je me réveille... je crois.
Mes yeux lèchent la moindre lumière qui m’entoure et l’acuité visuelle me revient. D’abord je perçois, ensuite je distingue et maintenant, je vois. Je suis emprisonnée dans une tubulure solide, froide, sans doute du verre. Derrière mon gastre et sous mon abdomen, je sens un sol spongieux. De la ouate imbibée d’une eau glaciale qui provoque en moi un second soubresaut.
Il fait noir comme dans les méandres de mon esprit. Tout s’embourbe, je tente de me souvenir et puis, je me souviens...
L’envol nuptial, cette sacro-sainte évasion et son sentiment de liberté, les saillies princières et les nombreux dangers alentour. Je me rappelle le monticule de terre où je me suis posée et la moindre parcelle de substrat que j’ai creusé de mes mandibules. Je revois la tanière que j’avais bâtie et le tapis blanc qui peu à peu la recouvrait. Je me souviens du froid, je me souviens de tout.
Puis, je revois le Géant Blanc. Une arme de verre qui m’emprisonne, la peur qui s’émane de mes segments et le terrible voyage jusqu’à cette cuve immaculée dans laquelle je me suis sentie mourir, un peu.
Quelques fois, une lumière jaune dérangeait mon repos mortifère, quelques vibrations succinctes et intermittentes et puis rien. Le froid me prenait au corps et l’endormissement me gagnait. Lorsque mon dernier souffle conscient fut rendu, j’étais apaisée, prête à au trépas.
Jour 2.
Pourtant, me voilà. Je peine à me réchauffer mais la température semble plus clémente. J’ai des pucerons dans les jambes, il me faut les dégourdir alors, je sors. La tubulure se termine en une béance que je franchis quand soudain, je suis complètement aveuglée. Un halo incandescent me brûle et je suis contrainte de faire demi-tour.
Jour 3.
Je crois que ça y est, j’ai dompté la lumière. Je sors, hésitante, j’observe. Une cour caillouteuse et cylindrique au milieu de laquelle trône un amas de roches anthracite. Au-dessus, je peux sentir la chair fraîche. C’est mort, c’est comestible, mais je n’ai pas faim. Je décide de retourner dans ma cellule comme un forçat qui accepte la détention... Pour l’instant.
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Bonjour à tous et à toutes,
Après mes blogs sur Les Hiérinfantes (Lasius sp) et sur Les Romaines (Crematogaster scutellaris) , je me lance sur mon troisième opus myrmicéen : Graine de vie !
la gyne au réveil. Tu t'es vu quand t'as diapausu ?
Pour le moment, la gyne est seule, un cadeau d'anniversaire de Romain31 que je remercie encore pour sa générosité. Après une diapause de 60 jours (problème de réfrigérateur qui m'a contraint à la sortir avant les 75 jours que je m'étais fixé), la voici dans un module conçu simplement à l'aide d'un tube de fondation, d'une boîte plexi qui contenait des tomates séchées (miam !), de support anti vibratile et d'une planche de bois. Ces quelques jours qui sont passés ne l'ont pas encore fait prendre la décision de pondre mais je la laisse tranquille. J'ai volontairement mis le tube dans un carton opaque pour ne pas la déranger, je verrai ce qui se passe d'ici quelques jours.
Les conditions d'élevage sont assez simples : température ambiante (18-20°C), humidification par le tube d'élevage pour le moment, nourriture protéinique (jambon blanc, volaille, steak haché, flocons poissons). Je ne sais pas comment créer un apport de glucides puisque j'ai lu que les Messor n'assimilaient pas bien les sucres rapides, je sius donc preneur de tous conseils que je vous invite à écrire dans la partie Question-Réponse de ce blog.
Bonne journée et à tout bientôt.