INVENTAIRE MYRMÉCOLOGIQUE
( recensement des fourmis dans leur milieu naturel )
Ce document s'adresse aux myrmécophiles / myrmécologues amateurs de tous poils qui aimeraient se lancer dans cette belle aventure comptable qu'est l'inventaire myrmécologique de la commune où ils résident, si ce n'est de la réserve écologique ou du parc naturel protégé s'en trouvant le plus rapproché, et leur explique dans les moindres détails comment s'y prendre pour recenser des fourmis, c'est-à-dire comme suit...
1° > Les étapes préparatoires à l'inventaire : Choix et nom du ou des sites à prospecter – Description globale et exposition ( adret/ubac, synclinal/anticlinal, plateau/plaine... ) - Superficie - Notions d'écologie ; de microclimatologie ; de pédologie ; de géologie et de géomorphologie - Le matériel employé ( outils divers, plan du site, “ myrmécofiches ”, appareil photos, caméra... ) et le mode opératoire.
2° > Désignation des divers biotopes constituant le ou les sites choisis : Bois ; clairière ; friches ; maquis ; lande ; éboulis ; pelouse ; prairie, etc... servant à localiser les espèces qui les peuplent en particulier.
> Recherche également de niches écologiques à intérêt myrmécologique : Écotones ; lisières ; talus ; murets...
3° > Les demandes d'autorisation de prélèvement d'espèces sur zone ( important ! ) auprès des gestionnaires et des propriétaires du ou des sites visés en vue de l'exécution du prélèvement proprement dit avec des tubes Ependorf puis de l'identification des fourmis capturées par des systématiciens. Une bonne connaissance du CBA* de chaque espèce est recommandée ici pour ne pas rater sa récolte !
Il n'est pas inutile non plus d'établir un contact avec les conservateurs entomologiques du muséum d'histoire naturelle voisin et/ou de tout autres personnes disposant de connaissances en de nombreux domaines susceptibles de vous aider dans votre travail d'investigation tels que les géologues, botanistes, zoologistes, entomologistes et myrmécologues pouvant être contactés sur les sites Internet.
4° > La législation concernant la protection de certaines espèces formiques : Arrêté ministériel en date ou décret consultable auprès de sa mairie ou de la préfecture ( aucune espèce n'étant menacée dans notre beau pays, faites tout de même preuve de “ myrmécovigilance ” ! ).
5° > Les techniques de piégeage sur le terrain : Appâts et Pitfall traps selon la méthode du Transect ; piège Winkler, puis les deux types de chasse à vue ( diurne et nocturne avec piège lumineux ) - Peuplement général du site prospecté puis des biotopes ( toutes espèces confondues ) avec la technique graphique du camembert ( diagramme ) ou autre - Densification parcellaire ( 25 ou 50 m² ) par espèce ou toutes espèces confondues en un biotope donné, puis estimation des populations par nid.
6° > Résultat de la mission : Mise en pages de l'inventaire et de l'étude, si lieu d'être pour celle-ci, car peut fort bien entrer en complément facultatif au devoir principal l'étude et le suivi de certaines colonies désignées comme étant “ pilotes ” par espèce ( c'est-à-dire les plus belles colonies ou les plus représentatives ).
Afin de mieux comprendre le fonctionnement d'une espèce dans son environnement pour établir ensuite son interaction avec le milieu qui l'entoure, il est indispensable de se doter d'un petit guide de la flore et de la faune régionale ou de la nature en France à apporter sur place.
7° > Suivi de la “ myrmécofaune ” du ou des sites prospectés ( Agosti et Alonso, 2000 ) sans oublier la vulgarisation de la myrmécologie et la sensibilisation à la cause des fourmis auprès du grand public comme des autorités.
Un inventaire se doit d'être “ vivant ” en se faisant sur plusieurs années car il permet ainsi d'établir des courbes de croissance relative au suivi des populations de chaque espèce par colonie pilote et du peuplement de toutes les espèces dans les biotopes qui les hébergent ou qu'elles colonisent.
Voilà comment se présente un projet de recensement myrmécologique en bonne et due forme et digne de ce nom qui, dès son achèvement, fera le bonheur des administrateurs de sites naturels protégés ne sachant souvent pas où ils en sont avec nos chères fourmis si discrètes, et pourtant si nombreuses, manquant chaque fois à l'appel au comptage des espèces qu'on remarque à peine parce qu'on recherche toujours l'oiseau rare dans les réserves à haute valeur écologique et non de ridicules fourmis.
Mais voilà surtout qui ferait plaisir au “ myrmécozonage ” du site MyrmécoFourmis, comme à AntArea ( on ne fait pas de jaloux ! ), qui nous pondront un jour le plus bel inventaire ou complet recensement des fourmis de France, dont je rêve depuis mon enfance, à condition que tout le monde s'y mette !
* Cycle Biologique Annuel
Patrice de l' I-D-E-MYR