Adopter une colonie sauvage

[I-D-É-MYR.Dijon]

Sous les toits de mes ruches, je trouve régulièrement des petites colonies installées tranquillement et qui bénéficient d'un chauffage (chaleur de la ruche) gratuit...
... Je me demande si quelqu'un a fait face à ce genre de situation ?

La première fois où j'ai pu voir des fourmis installées confortablement sous un toit de ruche, c'était en pleine récolte apicole dans les bois aux Ruchers de Bourgogne où j'ai bossé durant quelques années. Les fourmis en question étaient des Camponotus ligniperda, et je vous garanti que c'était de sacrées belles mémères puisqu'elles firent bondir en arrière mon patron qui s'écria sur le coup « Non d'une pipe, qu'elles sont grosses ! »

Plus tard ce fut le tour de petites rouquines vachement enquiquinantes, des Lasius emarginatus, de contraindre des abeilles toutes énervées à vibrer des ailes en ne sachant plus comment leur interdire l'accès de leur ruche par le toit sinon en propolisant les grilles d'aération du plateau couvre cadres.

Si elles peuvent importuner les abeilles par leur présence au dessus de leurs têtes, les fourmis protègent leur ruche contre l'intrusion de nuisibles et parasites. C'est un fait reconnu. De plus, comme elles sont opportunistes, elles profitent des cadavres de larves mal formées éjectés par dessus la planche d'envol ou ceux des butineuses tombées de fatigue pour se nourrir de leurs dépouilles mortelles.

Camponotus vagus sur couvre cadres.

Lasius emarginatus sur couvre cadres.

C'est assez peu probable qu'avec un vaste choix de lieu de nidification, les fourmis dans la nature choisissent un dispositif crée par l'homme. Mais ce n'est pas impossible non plus, les abeilles ne vivent pas dans une ruche à l'état sauvage... S'installent-elles toutes seules dans une ruche ? Ou bien faut-il les forcer ?

Si on leur propose une ruche conditionnée comme il se doit pour leur plaire, ou convenir à leurs besoins, les abeilles s'y installeront d'elles-mêmes sans autre coup de pouce en période d'essaimage où elles cherchent justement un nouveau logis pour repartir comme en 14. En ce qui concerne les fourmis c'est bien entendu "Niet" parce qu'elles sont plus difficiles à drainer vers un nouveau nid, qui plus est artificiel, sauf certaines espèces comme celles appartenant au genre Temnothorax que j'ai réussi à faire adopter des petites bûches pièges aménagées puis installées dans des endroits adéquates sous les pinèdes du fort de Hauteville-Lès-Dijon.

[ApacheLeRoux]

Effectivement, hier c'est encore ce qu'il me semble être une colonie de Lasius emarginatus qui avait élu domicile.
Sacré basard lorsque l'on retourne le couvre cadre et qu'elles chuttent dans la ruche !

Peux-tu nous en dire plus sur tes 'pieges' ?

[I-D-É-MYR.Dijon]

Mes bûches piège je les confectionnais en sciant des branches mortes de 8 cm de diamètre environ par 30 cm de long, puis je les perçais en leur cœur, à une extrémité, d'un trou d'entrée de 7 ou 8 mm de Ø jusqu'à 7 cm de profondeur avant de les fendre à coup de hache par leur milieu, ce en plein dans le trou d'entrée, pour obtenir deux portions en demi lune.

Bûche en exposition chez moi.

Je ne saurais dire l'essence de ce bois.

Dans chacune d'elles je creusais, à la suite du trou d'entrée, une loge rectangulaire de 9 cm de long par 4 cm de large et 5 mm de profondeur, ce qui donnais une loge de 10 mm de hauteur une fois les deux portions réunies afin de reconstituer la bûche.

Vue de l'intérieur creusé.

Même chose en gros plan.

Pour ne pas que ces deux portions se désolidarisent en cours de route, pendant le transport des bûches jusqu'au lieu du piégeage, je les faisais joindre avec une bande adhésive enroulée à chaque extrémité. Une fois parvenu sur place, dans les bois de pins noirs d'Autriche situés près de chez moi, je plaçais chaque bûche au pied d'un résineux puis la recouvrais de ses d'aiguilles pour que personne ne la découvre.

L'entrée vue sur une extrémité.

Bûche scotchée.

Afin de pouvoir retrouver mes pièges avant l'automne, je marquais à la bombe chaque pin de peinture jaune visible de loin. Mon but inavouable (eh oui, je plaide coupable) était de choper des reines Camponotus vagus et/ou C. ligniperda au moment de leurs essaimages.

Pin jauni à la bombe.

En fin de compte, au moment de la "récolte" de gynes, je pus constater avec dépit, en ouvrant les bûches, qu'au lieu d'avoir attiré de belles mémères appartenant au genre Camponotus, je me retrouvais avec de petites colonies de Temnothorax, des araignées et autres vilaines bestioles. Saloperies !


Voilà, voily, voilou !!!

[ApacheLeRoux]

Ah oui en effet. Le résultat ne semble pas à la mesure du travrail .. ni des attentes !
Si je fais un parallèle avec mon idée, je risque de collectionner les araignées qui sont légion sous les toits des ruches ..

En tout cas c'était un projet sympa tes buches !